Snapdragon Ride Flex, la puce unique de Qualcomm pour piloter les voitures du futur


Plutôt que d’éclater les différentes fonctionnalités (aide à la conduite, infotainement, etc.) sur plusieurs puces, Qualcomm lance Snapdragon Ride Flex. Une plateforme complète qui s’appuie sur la puissance d’une puce automobile unique.

Comme dans votre smartphone Android, votre future voiture de 2024-2024 pourrait, elle aussi, fonctionner avec une puce Snapdragon de Qualcomm. C’est en tous les cas l’ambition du concepteur américain de processeurs avec son Snapdragon Ride Flex. Un modèle dérivé des technologies développées pour nos smartphones (gravure en 4 nm, bloc CPU et GPU, ISP, etc.) mais adapté pour répondre au double défi de l’augmentation des besoins en puissance de calcul ainsi que de simplification de la manière de concevoir les automobiles.

Par rapport aux solutions actuelles, la plateforme Snapdragon Ride Flex tranche dans son approche d’une puce unique. À l’heure actuelle, les systèmes de correction de trajectoire, de conduite autonome et d’infotainement fonctionnent tous sur des systèmes (et donc des composants) séparés. Une conception initiale qui se comprend, tous les systèmes n’ayant pas le même besoin de criticité (temps réel ou pas), et la redondance évitant la cascade de pannes.

Mais cette approche, de même que les procédés de fabrication actuels, ont de nombreuses limites. En matière de gravure, la sélection de nodes « matures » (généralement aux alentours de 28 nm) de fabrication limite la densité en transistors, et donc la puissance de calcul. Le passage à un node de pointe – mais adapté à la criticité du milieu automobile ! – tel que le 4 nm devrait offrir un énorme gain de puissance.

Réunir toutes les fonctions sur une seule puce

C’est en janvier 2020 dernier que le PDG de Qualcomm, Cristiano Amon, avait présenté la première phase du projet Snapdragon Ride. Depuis, la puissance des puces a encore monté d’un cran et c’est autour d’une unique puce que la solution Snapdragon Ride Flex va voir le jour. © Adrian BRANCO /

Ensuite, là où Snapdragon Ride Flex tranche, c’est en réunissant toutes les compétences sur une puce. Car le revers de la médaille de la séparation des pouvoirs a un poids. Un poids financier, puisqu’il faut non seulement plus de composants, mais surtout ces derniers doivent être compatibles et leur nombre ajoute à la complexité de la conception du véhicule. De plus, les systèmes complexes à solutions hétérogènes sont plus difficiles à faire évoluer, parce qu’il faut qualifier chaque évolution dans son environnement.

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À contre-pied de cette complexité matérielle, Snapdragon Ride Flex se présente comme une grosse puissance de calcul adossée à une énorme « pile » logicielle. Concrètement, chaque fonction fondamentale, quoiqu’exécutée sur la même puce, est isolée des autres – par des systèmes de virtualisation notamment. Plus fort encore, Qualcomm a développé une architecture logicielle complète allant du châssis de la voiture jusque dans le cloud. Loin d’être un gadget, il s’agit pour les constructeurs automobiles d’avoir les moyens de mettre à jour et faire évoluer les voitures dans le temps en utilisant des briques réseaux, matérielles et logicielles modernes.

Si Tesla a une approche assez similaire – les voitures de l’entreprise de M. Musk sont particulièrement connues pour leurs mises à jour automatiques régulières – le reste de l’industrie conserve une approche assez à l’ancienne. Impliquant peu ou pas d’évolution des fonctions au cours du cycle de vie (notamment pour les modèles volumiques).

Les briques smartphones au service de l’auto

Connu dans nos colonnes pour être le numéro 1 mondial des puces tout-en-un de smartphones (les SoC), Qualcomm est aussi un géant du réseau et des plateformes embarquées professionnelles. De nombreux constructeurs – notcomme celle des marques du groupe Stellantis qui possède Peugeot – font appel à ses solutions pour les écrans intérieurs ou pour la partie réseau.

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Snapdragon Ride Flex est l’occasion pour Qualcomm d’ajouter les briques « smartphone » dans la voiture. Car ses puces Snapdragon intègrent tous les composants de calcul qui sont aussi requis dans les voitures du futur. Qu’il s’agisse du processeur central (CPU) capable de lancer des programmes critiques, de la puce graphique (GPU) pour afficher la carte en 3D, du modem 4G/5G pour assurer la connexion de la voiture. Ou encore le processeur d’image (ISP) en charge du pilotage des caméras qui participent (ou pas) à un certain niveau d’autonomie du véhicule.

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Qualcomm a publié deux communiqués de presse pour cette annonce, un assez grand public et large. Et un second, bien plus complexe, qui détaille le respect des normes ISO, les différents niveaux de criticité de programmes pris en charge, les régulations, normes, etc. Car loin des plateformes grand public classiques que sont les smartphones, les plateformes automobiles sont d’énormes paquebots chargés d’éléments tous liés, de près ou de loin, à la sécurité. Un smartphone qui plante, c’est ennuyeux. Un processeur de voiture unique de voiture qui part en carafe à 120 km/h sur l’autoroute, c’est évidemment bien plus grave ! C’est la capacité de Qualcomm à convaincre de sa maîtrise de cette extrême complexité qui déterminera l’adoption (et donc le succès) de la plateforme Snapdragon Ride Flex. Si les constructeurs étaient assez rétifs il y a encore quelques années, l’accélération de la transformation de l’automobile à l’ancienne vers une plateforme tout-électrique et bardée d’électronique (ainsi que la pénurie de semi-conducteurs !), ont accéléré un changement de mentalités.

Et alors que seules des marques secondaires étaient citées dans les communiqués de Qualcomm par le passé, on assiste aussi à un changement dans les communications du groupe. Pour la simple année 2022, outre Stellantis, ce sont de grandes marques comme BMW, Ferrari, Volvo, Mercedes-Benz ou Renault qui ont signé des contrats avec Qualcomm. Qui pourrait ainsi, en plus de votre smartphone, propulser votre voiture d’ici à deux ou trois ans !



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Catégorie article Technologies

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